Fail2ban pour protéger Samba de Locky

Face à la menace du "ransomware" Locky, j'ai décidé de protéger les données de mon serveur Samba à l'aide de Fail2ban. L'idée est simple : si des mouvements pouvant correspondre à une action de Locky sont détectés, alors l'IP à l'origine de l'action est bannie du serveur Samba.

Étape 1 : activer l'audit dans Samba

Samba dispose de puissantes fonctions d'audit qui permettent de garder trace de toutes les opérations sur un partage. Elles s'activent à l'aide des options full_audit dans le fichier /etc/samba/smb.conf. Attention toutefois à la volumétrie que cela peut représenter : si le serveur Samba est très sollicité, la taille des logs sera fort importante (surtout si l'on suit l'événement "open" qui est déclenché régulièrement lors de toute navigation sur le partage Samba) !

Plaçons donc le paramétrage suivante dans la section "Global" du fichier de configuration de Samba (/etc/samba/smb.conf par défaut) :

full_audit:priority = notice
full_audit:facility = local5
full_audit:success = mkdir rmdir rename unlink open
full_audit:prefix = %u|%I|%S

puis redémarrons Samba :

service samba restart

et voilà le fichier /var/log/samba/audit.log qui se remplit et recense tous les mouvements sur le serveur Samba. Une bonne rotation des logs sera nécessaire pour ne pas se faire piéger ! Attention également à la petite perte de performance que cette écriture régulière demandera.

Étape 2 : paramétrer le nouveau filtre d'exclusion pour Fail2ban

Nous allons demander à Fail2ban de bannir tout ordinateur qui effectuerait une opération sur fichier *.locky ou *.xxx sur le serveur. On crée le fichier /etc/fail2ban/filter.d/antilocky.conf suivant :

[Definition]
failregex = \|<HOST>\|NomDePartage\|.*\|ok\|.*\.(locky|xxx|mp3)

ignoreregex =

en remplaçant "NomDePartage" par le nom du partage Samba concerné.

Étape 3 : paramétrer une nouvelle prison dans Fail2ban

On paramètre comme il se doit Fail2ban dans /etc/fail2ban/jail.local en ajoutant notamment la section suivante :

[antilocky]
enabled = true
filter  = antilocky
backend = auto
logpath = /var/log/samba/audit.log
maxretry  = 2
banaction = iptables-allports
port = all

On peut alors redémarrer Fail2ban par :

service fail2ban restart

et vérifier dans les logs /var/log/fail2ban.log que la nouvelle prison se charge correctement.

Et voilà Fail2ban prêt à bannir tout ordinateur qui se connecterait au serveur Samba en manipulant des fichiers *.locky ou *.xxx. Evidemment il peut y avoir des faux positifs. Il est donc recommandé d'être vigilant et d'activer peut-être la notification par courriel des bannissements de ce type pour être en mesure de débannir dans le cas d'un faux positif et d'intervenir sur le poste infecté s'il s'avère qu'une réelle infection est en cours.

Étape 4 : limitations

La principale limitation est l'usage de l'extension de nom de fichier comme critère de signalement. Si des variantes du virus adoptent d'autres extensions (par exemple .pdf) alors il ne sera plus possible de détecter l'action frauduleuse de la sorte. On pourra éventuellement suivre le nombre d'opérations sur le partage Samba et alerter l'administrateur lorsque de trop nombreuses opérations de suppression sont en cours...